• Jour 1: 7 septembre 2014

    Eularia, le 7 septembre 2014

     

    Cher Raz.

     

    On était 33 élèves. Le premier jour, je n’avais osé en regarder aucun. Trop de peur et d’angoisse. Moi et ma saloperie de timidité ! J’étais devenue number one aux jeux à l’aveugle : j’avais réussis à choisir ma place sans lever la tête une seule fois. Je m’étais assise et n’avais même pas pris ma peine de retirer mon manteau, comme le reste de la classe d’ailleurs. Effet de groupe, très certainement. La prof principale, mais aussi d’histoire-géographie-éducation civique (mais aussi littérature et société avec une autre prof), Mme Irendelle, m’avait paru être une très gentille bonne femme aux airs de lutin, la trentaine, aimable, polie, souriante. Moi je l’aimais bien, pas les autres. Ils n’avaient pas l’air de cet avis, c'était du moins ce que j’en conclu du long silence qui suivit la demande de la prof pour savoir si quelqu’un pouvait lui prêter une paire de ciseaux. J’en avais bien une et j’hésitais à lui donner, mais devant le mutisme de la classe je préférais m’abstenir. Oui, c’était stupide mais je ne voulais vraiment pas passer pour un lèche-cul ou me différencier de la masse inerte qu’était la classe, même s’il est vrai que c’était parfaitement con. Je voulais me la jouer racaille, je n’avais donc pas mis mes superbes lunettes d’intello, choisi en 4ème, mis un max de poudre sur mes sublimes boutons d’acné et la dose de crayon noir à s’en demander si j’étais gothique.

    La prof a enfin eu une main charitable, Camilia qui lui prêta ses ciseaux. Elle put découper ses feuilles puis nous les distribuer. Nos emplois du temps étaient correct, le lundi nous enchainions une journée de huit/dix-huit heures mais le vendredi nous finissions à treize heures. C’était équitable. On nous prévint que le prof de maths n’était pas là, qu’on avait trouvé un remplaçant qui n’arriverait que lundi. On nous fit ensuite visiter ensuite le bâtiment, c’était inutile, j’étais toujours autant perdu, mais ça faisait passer le temps. Lors du tour de la bâtisse prison, j’en profitais pour me rapprocher d’une certaine Délhia, qui devint ma voisine au cours de français qui suivait le cour d’histoire. Elle n’était pas bavarde, se fichait complètement de ce dont je lui parlais mais écoutait tout de même d’une oreille distraite ce que je disais, et ça me suffisais.

    Le prof de français, Mr Rion, un gros monsieur aux cheveux gris frisés moche, m’énervais déjà. Il nous demanda d’écrire notre vie en insérant des mots qu’il avait déjà préalablement choisis. Je n’ai jamais su à quoi servait cette sorte de test, mais j’ai très vis découvert que ce prof était fou et possédait une halène qui n’avait rien à envier aux chacals.

     

                Je rencontrais le reste de mes profs, fis un bilan rapide de ceux que je pouvais fréquenter sans mourir d’asphyxie et ceux à qui je pouvais parler normalement. Vint ensuite le cour de maths, et ne savant que faire, je décidais de quand même me diriger vers la salle. Je pus découvrir que mon prof était bien là, entrain d’attendre une classe qui n’arriverait jamais. Son nom était inscrit sur le tableau : Mr Gaouad, la limite de l’imprononçable. Il me demanda si le reste de la classe viendrait, je répondis par la négative. Faudrait penser à nous prévenir s’il voulait qu’on vienne, enfin, il me dit que c’était l’administration qui avait merdé, puis si je pouvais dire aux autres de venir à son prochain cour. Il me dit que je pouvais partir, et je me retrouvais seule, Délhia était rentrée chez elle. J’allais donc sur un banc, bien décider à oublier que je m’étais retrouvée toute seule et décidais de profiter de cette heure pour dessiner. Une des filles de ma classe, assise un peu plus loin, se sépara de son groupe.

                _Tu t’appelle Eularia, c’est ça ?

    Nan, Albert Einstein !

                _Oui.

                _Moi c’est Dylan.

    Oui, je le savais, la femme au nom de mec. Les autres filles arrivèrent. Je fis la connaissance d’une Justine et d’une Margot. Deux blondes, l’une forte aux ressemblances étranges avec Winnie l’Ourson, et l’autre plus petite et fine. Je parlais avec elles de sujets normaux  et universels à toutes les rencontres : les anciens lycées, les notes, les amis, la pluie, le beau temps. Margot nous informa qu'en cours d’arts plastiques elle avait répondu à la question « Qui a peint la Joconde ? » que c’était bien évidemment Léonardo Dicaprio, et je me moquais gentiment de son ignorance. On parla ensuite de musique, Dylan étant fan de Selena Gomez, elle nous fit écouter la musique « Love you like a love song ». Survint alors la bourde du siècle, dans un élan de sincérité naïve, je lançais un « À mais ça fait perpette les Alouette qu’on la entendu celle là ! ». Elles me regardèrent, Justine redit « perpette les quoi ? », à Margot d’enchaîner les « perpette les alouettes », puis à toutes d’éclater de rire.

    C’est bon, j’étais fichée.

     

     

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