• Chapitre VIII     Loup Iliada

     

     

     

    On m'avait souvent répété que j'ai mauvais caractère. Je ne le niais pas, ça ne servirait à rien, il suffit de demander aux domestiques, tous vous répondrons la même chose, mais mettez-vous à ma place : depuis mes trois ans on m'a supprimé toutes mes libertés afin de m'éduquer, du moins essayer de m'éduquer, selon des principes que je qualifierais d'inutiles et barbares. Je voudrais bien savoir qui à décidé que les femmes devaient porter des robes et pas des pantalons, ou encore que les parents pouvaient choisir avec qui on se mariait ! Ce type, par ce que autant de débilité ça ne pouvait être qu'un garçon, était complètement taré, en tout cas ce n'est pas lui qui allait être avec un nain stupide comme compagnon jusqu'à sa mort !

     

    Ma mère venait de décider que je me marierais avec ce qui est sensé être le prince d'un royaume voisin, afin de nous allier avec lui. J’étais contre les mariages forcés donc cette idée ne m'avais pas vraiment emballée, et quand je l'avais vu, mère avait dû me forcer à rester. C'était un véritable troll défiguré, pas vraiment attrayant : son visage rond boursoufflé avec trois doubles mentons était accompagné d'une touffe de trois cheveux gris, qui malgré leur faible quantité luisaient de graisse. Un nez patate d'une dimension inquiétante, ainsi qu'une bouche toute aussi laide, étaient en parfaite adéquation avec le personnage. Des mains potelées, des doigts boudinés aussi graisseux que sa soi-disant chevelure. Un ventre qui dépassait de ses vêtements, et j'en passais. Il était clair que seul la raison politique incombait à ma mère, ou alors elle et moi n'avions pas la même conception du mot « beauté ». Pendant ce temps là, le frangin ce pavanait à droite à gauche, libre comme l'air. Il ne revenait que de temps en temps informer mère de la situation du royaume. Alors nous mangions dans une ambiance plus que festive, avec de superbes joutes verbales de très haut niveau, mon diplomate de frère étant incapable de vivre en communauté et ma joviale de mère étant incapable de paraître compréhensive.

     

    Maria, ma femme de chambre, vint alors me chercher. Avant d'arriver jusqu'à moi, cette gourde se prit les pieds trois fois dans sa robe, évitant de justesse de s'écraser contre une porte, une armoire et une des domestiques.

             _Mademoiselle, votre frère est de retour ! Votre mère me demande de vous aider à vous changer.  

    Je la foudroyais du regard.

     

             _Maria, combien de fois devrais-je te répéter de prendre ton temps pour venir m'informer de ces catastrophes, qui viennent assez régulièrement voir trop fréquemment me pourrir ma journée ?

    _C'est que Madame votre mère ne me laisse pas vraiment le choix. Mademoiselle, si vous voulez bien me suivre.

             Je la suivis sans vraiment me dépêcher, non pressée de devoir portez une robe deux fois plus lourdes que celle que je portais en ce moment. Une fois lavée, Maria m’annonça que mon cher frère était accompagné par une personne de son âge, et dans le château courait déjà la rumeur qu’ils étaient ensemble. Je découvris donc, qu’à quinze ans, j’allais devenir belle-sœur. Quinze ans et je me sentais vieille, normale ?

     

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