•  

    Eularia, 7novembre 2014

     

    Raz,

     

       Trêve de banalité, tu sais très bien que je vais te parler de ma classe, et franchement je crois que ce n’est pas près de s'arrêter.

     

       Mme Irendelle prend chère, j’hésite toujours entre approuver et désapprouver les comportements de la classe. Je regrette d’en rire, mais dire que je les déteste serait mentir.

     

       Vendredi, 12h10, fin du cours de français comme tous les vendredis depuis que la direction a décidé de changer notre emploi du temps et de nous faire terminer à 13h05. Mr Rion sort de la salle et nous laisse, notre demi-groupe, en attente de la prof d’histoire et du reste de la classe. Chose suicidaire bien entendu, même si nous sommes en classe séparée.

     

       Qui a eu la bonne idée de faire toutes les conneries qu’ils ont faites, je ne sais pas, certainement plusieurs personnes, mais elles ont été faite. On nous a appris le brainstorming en technologie en 3ème, faut bien que cela serve un jour ou l’autre.

     

       Opération Déco, 5 minutes pour tout changer : les feutres du tableau, la brosse, la souris du pc, tout doit disparaître, débrancher le vidéo projecteur et l’ordi, fait, renverser les tables et les chaises, fait, déplacer le bureau, fait. Moi, entre rire et incompréhension,  j’ai cru que j’allais m’éclater la tête sur la table tellement j’étais…. pas surprise, j’ai presque pris l’habitude maintenant, pas choquée, ce n’était pas choquant, j’étais juste là, à regarder, regarder la classe être massacrer sans aucune raison, juste pour faire passer le temps, s’amuser, pour énerver, pour rien.

     

       Une fois le bordel fait et ne voyant toujours pas la prof venir, l’autre groupe étant arrivé assez tôt pour donner un coup de main à l’objectif massacre, ils décident d’un accord commun de tous partir, chose qui se décide assez rapidement, laissant la classe dans un état indescriptible. Il ne reste dans la pièce ravagée que Gabin et moi, avec chacun la même interrogation : on fait quoi ? Pas bien sûr de nous, nous commençons à ranger nos affaires, toujours hésitant quant à partir. Je finis de ranger ma trousse, Gabin à presque atteint la porte quand nous entendons criez et voyons revenir la classe comme un troupeau en hurlant « ELLE ARRIVE !!! ». Je re-déballe vite le stricte minimum à avoir sur ma table tandis que tous relèvent les tables renversés pour se rasseoir et faire comme si "riennecétaitpassétoutetdelafautedesautres" alors que la prof arrive, talons martelant le sol fermement et criant à s’en déchirer les cordes vocales « UNE minute ! Je suis en retard d’UNE minute et vous êtes déjà tous partis ! ». La colère irradiait de tous ses pores : sa voix, ses yeux, sa peau, son aura, tout est devenu menaçant. À l’inverse, les 32 autres gogols ricanent, heureux de leurs bêtises, même s’il est vrai que personnes ne peut s’empêcher un minuscule sourire, même moi. J’hésite entre contempler le ciel et attendre que le tsunami passe. Curiosité l’emporte et je ne rate rien : son énervement indescriptible en arrivant augmente crescendo à chaque microsecondes et chaque découvertes, la faisant passez en mode Super-Sayen II. Première étape : retrouver les feutres. À quatre pattes, au sol, en jupe et talon pour regarder si les fameux crayons ne sont pas en dessous d’un meuble ou d’une table. Elle fulmine pendant que les autres rigolent et que j’observe la scène. Même chose avec la brosse. Idem avec la souris. Rebrancher le pc n’as pas l’air d’être une activité qu’elle pratique régulièrement car elle n’a pas l’air de savoir rebrancher les fils multicolores où il faut, où peut-être est-ce dû à la rage qui l’aveugle ? Fort probable.

     

       Une fois debout, elle nous regarde fixement, son maquillage n’a pas coulé mais sa coiffure n’a pas eu la chance de s’en sortir aussi bien. Ses vêtements son mit n’importe comment, j’ai l’impression qu’elle est prête à nous tuer avec ses chaussures à talons. C’est un affrontement silencieux entre la classe et elle. Les « élèves » ne peuvent s’empêcher de sourire bêtement, certains suffoquent et essaye d’arrêter de rire, de se mordre la lèvre. Un peu comme moi quoi. Madame Irendelle lève la tête puis pointe du doigt le plafond :

                _ "Vous n’avez tout de même pas débranchez le vidéoprojecteur ! OH QUE NON !!! "

                Elle frappe le sol de ses talons, monte sur une chaise de laquelle elle a viré un élève et rebranche le vidéoprojecteur dont le fil à soigneusement été emmêlé avec les autres. Tout ça en jupe/talons. Elle redescend, part à son bureau, commence à chercher diverses feuilles, certainement pour un rapport, et hurle en nous voyant nous tordre de rire, car tous dans la salle essayent tant bien de mal de refouler ce rire qui menace d’exploser à chaque instant, des larmes déjà aux coins des yeux pour quelques uns :

                _ "Le premier qui rigole, je le fous à la porte ! "

     

    Elle était sérieuse pourtant. Cela n’a pas empêché Ange d’exploser, d’un rire fort, puissant, drôle, qui a résonné dans toute la salle, qui fit céder toutes les barrières, déclenchant l’hilarité de tout le monde, des larmes, des bavardages, rien de bien cohérent, juste un brouhaha de rire, qui nous fit marrer sans plus rien avoir à faire de tout.

     

       Le silence n’est pas revenu tout de suite, il n’est même jamais revenu, mais contre vents et marées la prof à décider de faire cour. Ce qu’elle n’avait pas prévu : la disparition de la télécommande du vidéoprojecteur.

     

       Comme à chaque fois, la sonnerie sonne, et tout le monde commence à sauter de sa chaise et s’élancer vers la porte. Madame Irendelle essaye de bloquer le passage, et toujours en hurlant, elle cracha :

                _ « Personne ne sort tant que je n’ai pas la télécommande ! »

                Pas de réponse, et tout le monde tente quand même de passer. Le coup de la télécommande, je n’étais pas au courant, comme beaucoup d’ailleurs, mais ça ne les empêche pas de rire, mais là ce n’est plus que notre classe que ça dérange, mais d’autres, et ça peut revenir à chère de devoir changer tout le matos.

                _ « Où est la télécommande !!! »

      Un « On sait pas » vite fait bien fait de certain, aucune réponse d’autres. Ce n’est pas moi qui vais pouvoir répondre. Ni les autres puisque personne n’écoute, personne ne veut rien dire. Tout le monde sort et passe en force.

     

       J’apprendrais plus tard que la télécommande avait été d’abord été lancée dans le couloir, puis emmenée dans les toilettes des filles par Ilhem, Imen et Jasmine pour y être jetée, puis emmenée dans les canalisations après que la chasse d’eau fut tirée. Donc à la question « Où est la télécommande » il n’avait pas menti : quelque part dans les canalisations, donc on ne sait pas.

     

     

     

    Raz, aujourd’hui, je sais que la pauvre prof en a prit plein la vue, mais je ne peux m’empêcher de rire. Je ne sais pas vraiment de quelle partie être, je sais que les profs ont raison, mais je ne peux m’empêcher de rire à leurs conneries sans pour autant les approuver. C’est un peu le bazar dans ma tête, je vais essayer de réfléchir à tout ça mais c’est compliqué. Mon quotidient est devenu vraiment étrange.

     

     

    Liste des Chapitres:

     


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique