• Chapitre VII

    Chapitre VII  Kelly Eliasa

     

     

             

         

        Lorsque je me réveillais il faisait jour. Surprise d'être en sous-vêtement, je me mis à chercher du regard mes habits. Ce n'est que lorsque mes yeux se posèrent à ma droite que je remarquais  Kalth, allongé juste à coté de moi dans le lit.

             Ce dernier se réveilla, tout aussi surprit que moi.

             _Qu’est-ce qui c'est passé ? Réussis-je à articuler à peu près correctement.   

             Je ne savais pas que dire, trop hébéter d’avoir atterri dans le même lit qu’un mec alors que la situation un peu particulière aurait du m’empêcher d’avoir ce type de relation pendant un moment.

             _Partis boire un petit coup hier, mais à l’avenir je pense que je m’abstiendrais.

    Kalth se leva, je remarquais qu'une dizaine de cicatrices, certaines à peine fermées, marquaient son torse. Et quel torse, mes aïeux! Ok, avoir l'image mentale de quelqu'un effectuant du lèche vitrine au sens propre devant un paquet d'abdos est très certainement étrange, mais au vue de la situation, c'est qui est le plus adapté. Le 6 pack dans toute sa splendeur! Bon, le drap cache le plus intéressant, mais la vision du torse avec pectoraux en acier inoxydable et blindé et son magnifique ventre, c'est mieux que rien.

             Il se mit à ramasser les vêtements qui étaient au sol, me faisait redescendre de mon petit nuage. Il s’arrêta en premier sur mon superbe tee-shirt bleu électrique moulant; puis sur un débardeur jaune fluo. À la tête que Kalth montrait, j’en déduisis qu’il trouvait ses vêtements étranges. Il ramassa les autres habits pendant que je le suivais du regard et remarquais que ses vêtements étaient moins colorés et surtout beaucoup moins sophistiquée.

             Il me tendit mes vêtements sans vraiment oser me regarder. Il prit les siens et partit dans la salle d’eau. Je m’habillais en vitesse. Je l’avais rencontré il y avait à peine un jour et ont avait déjà passé la nuit ensemble, en sous-vêtements et très surement complètement saoul ; la suite risquait d’être explosive !

             Kalth sortit avec des vêtements qu’on aurait dit d’un autre âge, mais même dans ces vieux habits il était plutôt mignon. Il avait des traits plutôt fins, mais tirés. Deux sacoches étaient posées dans un coin de la chambre, la mienne et celle de mon compagnon d'infortune. Je partis prendre le mien et le serrais, lui prit ses affaires et nous partîmes.

                Kalth était de nouveau paré de sa capuche qu’il semblait tant aduler et qui dissimulait sa tête. Pourquoi la cachait-il tout le temps ? Étais-ce vitale ? Ou nécessaire ? Moi ça me pourrissait clairement la journée, je ne pouvais pas l’admirer, et si je voulais apercevoir ne serais-ce que ses yeux, c’était presque un combat. Je me retenais de lui demander pourquoi, mais j’en avais terriblement envie.

    _ Qu’est ce qu’on va faire maintenant ?

    _ On va t’acheter des vêtements, les tiens sont vraiment trop... voyants.

    _ Mais !

    _ Pas de mais !

    Je grognais.

    _ D’accord. Euh, quels genres de vêtements je suis censée porter ?

    _ Des vêtements moins apparent déjà...

    _ D'accord.

    _ Et s’il te plait, arrêtes avec tes « d’accord »

    _ D’accord.

                Il leva les yeux au ciel.

    _ Tu n’es pas une fille pour rien.

    _ Qu'est-ce que tu insinues ?

             J’aimais bien mes vêtements moi, je ne voulais pas m’en séparer mais il n’avait pas l’air de vouloir lâcher l’affaire.

                Apparemment nous nous dirigions vers le centre ville. Il m’indiqua une boutique et nous y entrâmes. C’était un petit magasin de vêtements, tenue par une vieille femme potelée, ridée et à l’air fatiguée. Je suivis Kalth jusqu'au comptoir. Il parla avec la femme dans une langue inconnue, puis m’orienta vers un rayon de la boutique.

                _ Tu peux me dire ce que l’on fait ici ?

                _ À ton avis.  

                Je regardais autour de moi. J’étais entourée de multiples vêtements que j’aurais dis multi sexe, mais je compris à son regard -et quel regard ! Divin !- qu’ils étaient féminins.

                Je choisis deux tenues simples que Kalth approuva d’un signe de tête, tout en ayant pris soin de camoufler encore plus son visage. En sortant du magasin, nous entendîmes des cris qui venaient de la foule. Kalth m’attrapa par le poignet et tenta de m'emmener à l’ opposer de la zone d'où provenaient les lamentations. Dommage pour lui, je n’étais pas un toutou domestique que l’on pouvait emmener ou bon leur semblent et je partis au contraire dans l'autre direction forçant Kalth à se rapprocher également du lieu de l’accident. En forçant le passage, je réussi à arriver sur la scène du drame : une fillette saignait abondamment au niveau de l’épaule gauche, un poignard était au sol, couvert de sang. Que c’était-il passé ? La gamine ne savait-elle pas qu’il ne fallait pas jouer avec tous les objets tranchant ? Elle pleurait énormément, sa mère était en larmes et suppliait des Dieux qui m’étaient tous inconnus de sauver son enfant. Kalth et moi observions ce désastre. La jeune fille peinait à retenir ses larmes, dans mon monde la petite serait déjà hors de danger et sans séquelles, mais ici, la fillette n’avait pas l’air d’avoir une chance de survit.

                La petite se mit à pleurer de plus en plus fort, et même sa mère n’arrivait pas à la calmer. Cela me déchirait le cœur, mais surtout les tympans. Je finis par me rapprocher de la fillette et lui sourit pour tenter de la réconforter et peut-être d’arrêter ses pleurs qui me transperçaient tandis que je devenais sourde, au grand désespoir de Kalth. J’avais toujours sut y faire avec les enfants. Je me rapprochais encore puis décidais de tenter quelque chose, ce que Kalth me déconseilla à nouveau de faire. Il me reprit le bras. Voila qu’il me reprenait pour son chien. Je me dégageais de son étreinte et l’ignorais. La mère essaya de me faire partir de son enfant, je la dégageai brusquement, je n’avais franchement pas le temps d’aller l’écouter se morfondre, et je me fis une place près de l’épaule de la jeune blessée. J’ouvris mon sac, toujours avec moi, pris ma bombe antiseptique pour tenter de désinfecter la plaie, puis de la panser. Chose que je n'arrivais pas à faire malgré tout mes essais. J’avais beau serrer le tissu autour de la blessure, le changer toutes les 10 secondes pour en prendre un plus propre ou plus grand, rien n’y faisait, le liquide rougeâtre coulait toujours. Énervée, je ne voulais en aucun cas me résigner et abandonner la fillette à la mort. Je me concentrais de toutes mes forces sur cette blessure. Je n’entendais plus rien, je ne voyais que la blessure, rien d’autre. Une brume rouge se forma alors dessus de la jeune enfant. Elle voletait légèrement au dessus de la taillade sanguinolente. Cette manifestation de feu disparue comme elle était apparue. Je remarquais alors que  l'enfant ne pleurait plus. La foule s’était tu, tandis que la mère de la blessée reniflait disgracieusement. Je baissais ma tête vers la victime, je voulais voir son visage une dernière fois. J’hoquetais :

                _Quoi ? Comment est-ce possible ?

    La gamine ne saignait plus, elle était ébahit tout autant que moi. Kalth m’attrapa à la volée par le bras, me souleva et me traina le plus loin possible de la foule aussi vite qu'il le put. Il alla chercher son cheval, me fit monter en selle rapidement et fit partir sa monture au galop. Toujours abasourdi par ce que j’avais fait, je ne cessais de  me poser des questions sur ce qu’il c’était passée. Soudain il tourna la tête, me laissant apercevoir ses yeux, puis persiffla :

    _Toi et moi on a beaucoup de chose à se dire !

    Je le fixais : pensait-il que j’en savais plus que lui par rapport à ce qu’il venait de se produire ? Croyait-il que je saurais répondre à ses questions ? Non parce que, si c’était le cas, il prenait un peu trop ses désirs pour la réalité, j’étais autant stupéfaite que lui. Un quart d’heure plus tard,  il fit arrêter son cheval devant une boutique, me fit descendre en vitesse et je manquais de m’étaler sur le sol. Il me rattrapa de justesse et me fit courir. Dans la boutique, il prit un manteau identique au sien en hâte, celui que je haïssais parce qu’il cachait son visage, le paya sans récupérer la monnaie, le mit sur mes épaules et abaissa la capuche sur ma tête. Ensuite, il m’embarqua dans sa course folle, son cheval au galop, le vent fouettant désagréablement mon visage, me faisant plisser constamment les yeux. Il décida de faire s’arrêter sa monture dans les bois. Kalth en descendit, puis je fis de même, cette fois-ci j’atterrie correctement. Il me regarda, furieux. Moi je profitais de la vue : il avait ôté sa capuche ! Toujours à m’examiner, je soutenais son regard, puis déclara :

                _Je sais que je suis belle mais tu pourrais éviter de me regarder ainsi ?

                _T’es débile, suicidaire ou les deux ? Personnellement j’opte pour la dernière solution.

                _ Entre nous deux, qui est le suicidaire ? Pourquoi tu cours ? T’arrêtes pas, on va tous mourir épuiser si tu continues comme ça !

    Il continua de me regarder et je commençais à trouver ça glauque : il avait en ce moment le parfait profil du tueur.

                _ Qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez toi ? Tu veux savoir pourquoi on court ? rétorqua-il. Toujours énervé, ses yeux soutenaient mon regard. Étrangement, je me rendis compte ne plus vraiment savoir pourquoi… Cependant, Kalth n’avait visiblement pas l’intention de s’arrêter là.

                _ On court, commença-t-il, car une fille bizarre débarque dans ma vie avec des vêtements bizarres, parle de manière bizarre, et par-dessus tout, sauve une enfant qui aurait du mourir; tu ne trouve pas tout cela étrange ? Ils t’auraient tuée, tu en es consciente au moins ?! D’ailleurs je me demande pourquoi je risque ma vie en restant aux côtés d'une fille qui ne fait que m’apporter des problèmes !

                Je me sentis stupide, non seulement j’avais été idiote de ne pas l’écouter,  lui qui connaissait mieux le secteur que moi, mais en plus je l'avais mis en colère. J’étais vraiment douée : beaucoup de chose en un temps record. Il va falloir que je pense à m’inscrire dans un livre des records !

                _ Comment as-tu fait ça ?!

    Bon, alors, par où commencer : je viens d’autre part, d’un monde quasiment futuriste par rapport à ici, ou le fait que j’ai, semble-t-il, développer des super pouvoirs dont j’ignorais l’existence jusqu’à maintenant ?

                _ Je n’en sais rien. Tu sais, j’étais tout aussi surprise que toi. Ce n’est pas tous les jours qu’on devient un super héros.

                _C’est ça, fou toi de moi, prend moi pour un con !

    Visiblement, quelques insultes étaient autant connues chez moi qu’ici.

                _Si je savais, je te le dirais. Tu sais pourquoi ? En ce moment, toi tu sais où on est, tu es un mec, tu es fort, tu as des armes. En comparaison avec moi, ça donne je suis une fille paumée qui sais rien foutre de ses dix doigts et qui manque de se casser la gueule deux fois en descendant d’un cheval ! Tu crois que je te mentirais alors quand ce moment le rapport de force et plutôt en ta faveur?

    Il était en pleine réflexion. En même temps, je n’avais dis que la stricte vérité : si il exigeait plus de moi, ça allait être compliqué. Il se tourna vers son cheval puis m’appela. Je ne bougeais qu’au pris d’un effort psychologique : Kalth me prenait-il, moi, Kelly, la fille la plus belle du lycée, pour son chien-chien domestique ? Mais en même temps, avais-je réellement le choix ? Je montais devant lui, puis, avant qu’il ne fasse partir sa monture, je lui dis :

                _J’aimerais juste que t’évites de me traiter comme tu le ferais avec un chien. C’est extrêmement pénible, à la longue.

    Il grimaça et me dit :

    _Évite de me cacher des choses et tu seras alors considérée un peu mieux.

    C’était à mon tour de faire une grimace : il n’était absolument pas convaincu, savait que je mentais mais me gardait avec lui.

                _Si tu ne me crois pas, pourquoi me garder avec toi ? Demandais-je, irritée.

                _Tu préfères que je te laisse là sur le bord du chemin?  Si tu venais à mourir je m’en voudrais de t’avoir laissée tomber, de plus tu n’a pas l’air bien méchante, juste hargneuse, arrogante, vulgaire, folle et complètement paumée. Tu es amnésique, c’est comme si tu venais d’autre part ou d’un autre monde, tu ne connais plus rien. Tu es juste énervée de ne pas savoir ou tu es, d’être perdu dans un milieu inconnu, c’est ce que je pense.

    En même temps, s’il commençait comme ça, comment ne pas lui avouer toute la vérité ? S’il ce m’était à parler d’autre monde… Je n’avais rien à perdre, donc je tentais le tout pour tout.

                _Alors tu vas m’écouter très attentivement, je ne vais pas le répéter plusieurs fois. Dis-je.

    Enfin, si j’étais encore en vie pour pouvoir me répéter, pensais-je juste après.

     

                Nous étions arrivés le soir même à Velia. Moi et Kalth n’avions pas reparlé depuis que je lui avais tout dit, du moins, que j’avais essayé de lui expliquer tout ce qu’il s’était passé. Il trouva une auberge au centre de la ville. Kalth prit une chambre, avec des lits séparés cette fois. Nous sommes montés dedans et le repas nous fut apporté une demi-heure plus tard. On a dîné dans un silence plus que religieux, mortuaire, puis on s’est couchés.

                Le lendemain matin, on se remit en route, il nous restait un jour complet à cheval avant d’arriver à l’avant poste de Detta, lieu où Kalth devait se rendre avant de remonter dans son pays. Supportant le silence qui régnait, j’observais le paysage, des forêts à perte de vue, il faisait frais mais cet air me caressa le visage, je me rendis alors compte qu'il y avait très longtemps que je ne m'étais pas "baladée" en forêt. Ce silence, bien que reposant, commençais à me peser. Tandis que j’attendais une réponse, ou même une parole de Kalth, lui se taisait, ne disait rien. J’essayais de briser ce mutisme.

                _ Parle moi d'Ethania.

                _Et pourquoi donc ? répliqua- il, stupéfié.

    Ce n’était franchement pas le moment de me tenir tête, d’ailleurs ni maintenant, ni jamais.

                _Tu sais tout de ma vie -enfin, presque- et moi je ne sais toujours rien. Dis-moi juste ou je suis, je ne te demande pas toute l’histoire de ce monde, mais juste ou je suis, même si rien n’est précis.

    Il souffla.

                _ Elle est constitué de quatre terres: Glace, Lacs, Steppes, Obscure.

                _ Terre Obscure ? C'est une blague ?

                _ Non, il fait toujours sombre là-bas.

    Ils ne se cassaient vraiment pas la tête pour trouver le nom d’un pays ici !

    On a passé le reste de la journée à parler d’Ethania, mais j’aurais voulu savoir ce qu’il pensait de mon histoire. Je tentais une approche :

                _ Que penses-tu de mon histoire ?

    Bon, d’accord, pas une approche, je lui annonçais ça de but en blanc, mais je ne pouvais plus attendre sans savoir s’il me prenait pour une folle, ou ce qu’il comptait faire de moi. Il ne répondit rien. Je réitérais ma question. J’eue le droit à un râle. Cette fois-ci, je l’engueulais :

                _ Alors, ne disais-tu pas « lorsque j’éviterais de te cacher des choses je serais alors considérée un peu mieux » ? Donc, avant que je n’essaye de t’étrangler, tu vas gentiment me répondre ! J’étais furieuse, mais lui se moquait.

                _ M’étrangler, je te prie de m’expliquer comment ? Avec tes petits bras maigrelets ? Trouves plus crédible !

    Bien que ce soit vrai, je me jetais sur lui, oubliant que nous étions à cheval, mais il ne tomba pas, et je le frappais sur le torse, donc c’était inutile. Lui, il riait, toujours plus. J’abandonnais, je ne voulais pas lui faire de mal juste qu’il se sente menacé, mais non, rien, juste un rire.

                _ Sache juste qu’ici, la magie est interdite.

    Enfin une réponse ! Je commençais à me réjouir, mais ma bouche se crispa :

                _ Attends, interdite ? Ça veut dire que ça existe ?

                _ Oui, mais cela est très rare, et les personnes en possédant sont brulés, pendus ou décapités.

    Quel réjouissant future ! Et puis, j’eus une révélation :

                _ Que vas-tu faire de moi ? Vous êtes payez  pour nous livrer ? Sache-que pour ma défense, avant que je débarque ici je n’étais pas magicienne !

                _ Je ne te livrerais pas, mais il va falloir que tu caches bien ta magie, ok ?

    Septique, je l’interrogeai quand même :

                _ Pourquoi te ferais-je confiance ?

                _ Pour la simple est bonne raison que si j’avais voulu te livrer je t’aurais signalé en ville et que tu serais déjà morte.

    Un peu soulagée, je pus poursuivre la route plus sereinement.

    À la tombée de la nuit, on était enfin arrivés à l'avant-poste, épuisés mais on était arrivés. Il avait attaché le cheval avec d’autre et je pu observer ce qui ressemblait à un camp de rassemblement militaire : des tentes étaient partout, toutes identiques. Je tournais la tête pour voir que Kalth avait remit son épaisse capuche noire. Il n’avait aucun mal à s’orienter, ce qui me surprit, puisque ce lieu était immense et tous les chemins se ressemblaient.

     

                Il m’emmena dans une tente un peu plus grande que les autres.

                _ Eliane, prononça Kalth d’une voix forte.

                _ Oui majesté ?

                _ Majesté ? Répondis-je, béante, à voix basse.

                _ Pourriez-vous nous indiquer où se trouve Ethon, répliqua-il sans se soucier de ma réaction.

                _Le capitaine Ethon est à l’infirmerie, il a été touché par une lance à l’épaule droite, il y a deux jours lors d’un guet-apens.

                _ Merci Eliane.

                Au même moment il se retourna et me vis, rouge de colère. Je me sentais honteuse, j’avais toujours traité Kalth comme s'il était quelqu'un de normal, comme un chevalier; jamais comme un personnage royal avec les honneurs que lui vaut son rang.

                _ Qui es-tu? Dis-je d'une voix étranglée.

                Pas de réponse.

                _ Qui es-tu? Cette fois d'une voix forte.

                _ Suis moi.

    S'attendait-il à ce que je lui dise oui? Voulait-il que j’aboie comme un petit toutou en remuant la queue?

                _ Pas tant que tu n'auras pas répondu à ma question.

                _ Cana, ou plutôt, Kelly, suis moi s'il te plait.

                _ Non je n’ai pas envie, et tu ne peux pas me forcer.

                _ Aller viens, fit-il, un peu plus insistant.

                _ T'es pas un agent de la CIA, tenus au secret aux dernières nouvelles! T'as pas de costard cravate et de chaussures cirés! Et les lunettes à la James Bond avec la p'tite carte passe partout en or!

                _ CIA? costard cravate? James Bond?

                _ Laisse tomber...

                _ Tu viens maintenant?

                _ T'as pas répondu à ma question! Hurlais-je encore.

                _ Arrête de crier s'il te plait, dit-il les mains sur les oreilles, les tympans en confettis.

                _ Si tu me dis qui tu es, fis-je avec un sourire quelque peu sadique.

                _ Viens et je te le dirais.

                _ Non ici et tout de suite.

                _ S'il te plait, ce n'est ni le moment ni l'endroit.

                _ Tu veux que je dise à tout le monde ici présent ce qu'il s'est passé il y a trois jours?

                Kalth vira au rouge tomate. Ce qui me fit sourire, je venais de trouver son point faible, et je comptais bien m'en servir.

                _ Tu n'as pas le droit.

    En était-il sur?

                _ Qu'est ce que tu penses faire pour m'en empêcher?

                Il n'en avait pas la moindre idée. À sa place, j’aurais dit me couper la tête, mais je n’allais pas lui proposer une solution qui me nuirait.

                _ Crache le morceau et tout sera réglé.

                _ Je t'en supplie, ne dit rien.

                _ Je ne suis pas assez bien pour toi, c'est ça ?!!

    J’étais frustrée. S’il se sentait dérangé par ce moment là, il n’avait qu’à me le faire remarquer une bonne fois pour toute, et pas me laisser dans l’ignorance.

                Il vira du rouge tomate au rouge écarlate.

                _ J'ai pas dit ça, mais on ne se connaît que depuis trois jours et si ma mère l'apprend, elle ne va pas être contente, pas contente du tout, émit le jeune homme.

                _ Attends, tu as besoin de l'approbation de ta mère avant de finir dans le même lit qu'une fille?!!!

    Si ma mère faisait ça, moi je l’étripais, ou alors je ne la laissais pas être au courant, mais ce n’était certainement pas elle qui gérais ma vie privée, sentimentale et encore moins sexuelle !

                _ Mêle toi de tes affaires!

                _ Revenons à notre question de base. Qui es-tu? Et c'est la dernière fois que je te la pose!

    Cette fois-ci, j’étais réellement énervée, je n’avais qu’une envie : lui coller deux baffes da ns la tête, sang royale ou pas.

                _C'est bon je capitule... mon prénom est Kalth...

    Il s’arrêta.

                _ Si c’est pour dire ce que je sais déjà, ça ne m’aide pas, mais alors pas du tout.

    Il reprit :

    Je suis né sur la terre des Steppes, j’ai dix-sept ans. Mon père et mon frère sont décédés, ma mère règne depuis leur décès. Je suis Prince. Je devrais un jour prendre la place de ma mère, même si ce n'est pas mon désir. Voila à peu près tout ce qu'il y a à savoir sur moi.

    Il avait dit ça d’un trait, et je dus refaire intérieurement le bilan de ça déclaration.

                _ Vous feriez un bon roi, persiflais-je, moqueuse.

                _ Depuis quand tu me vouvoies! C'est toujours la même chose, tant qu'on ne sait pas qui je suis on me tutoie, dès qu'on l'apprend, "les majestés", "votre altesse" et le vouvoiement de politesse sont de sortie... expliqua-t-il, agacé.

                _ Parce que tu crois quoi ? Je me décidais de le tutoyé à nouveau, Que tout le monde va te tutoyé sous prétexte que monsieur le veux ? T'as un rôle à jouer mon gars, et même si tu ne le veux pas, tu dois, je suppose, être le symbole de ce pays. Un Prince qui ne sait pas se faire respecter n’est pas un Prince. Enfin, selon moi t’es juste un con.

    Tandis que je continuais à le disputer, lui ne disais rien, mais son agacement était clairement visible sur son visage, et je me fichais de l’énerver ou non : il me sermonnait parce que je lui cachais des choses et voila que monsieur me cache aussi son rang social plus qu’important !

                _Tu veux bien venir maintenant?

    Il avait demandé ça en soufflant, il était en colère mais ce contenait afin que je daigne me bouger. Je lui autorisais à espérer.

                _On va où?

                _A l'infirmerie.

                _On va faire quoi là-bas? Tu veux prendre un doliprane?

    Et avant qu'il eu le temps de lui demander la signification de "doliprane", je lui expliquais, me disant que j’en aurais bien besoin, moi aussi.

                _Voir Ethon, je veux le prévenir de mon, ou plutôt de notre arrivé et de notre départ imminent.

                Je ne demandais pas qui étais ce fameux Ethon, d’une part parce que ça ne m’aurais servi à rien, d’autre part parce que je m’en fichais. Quelques minutes plus tard, nous arrivâmes à l'infirmerie, ou plutôt ce qui ressemblait à une infirmerie : c’était une tente comme les autres mais avec plus de lits et de médicaments. Kalth s’approcha d’Ethon qui était assis sur son couchage, un épais bandage sur l'épaule. Bien que l’air palot et fatigué, il voulu se lever mais Kalth l’en empêcha. Ethon se rassit et demanda :

                _Votre altesse, vous désirez quelque chose?

    Altesse, ça fait bizarre de l’entendre se faire appeler altesse alors que moi je l’ai insulté tout le long du voyage.

                _Non Ethon, je voulais juste te prévenir que je comptais retourner au palais royal.

    Palais royal ? Bah ça vas, il ne manque pas d’argent lui. Attends, ça veux dire que je vais aller dans un palais royal ?

                _Souhaitez-vous une escorte, Majesté?

                _Je connais la route, je suis armé, nous sommes en guerre et je me situerais derrière la ligne de front. Devrais-je vous privez de soldats alors que nous en manquons cruellement? 

    Stop stop stop stop stop! Depuis quand on est en guerre ? Bon, peut-être que j’aurais dû m’en douter un tout petit peu avec tout ce que j’ai vue, ainsi qu’avec les blessées, mais pendant tout le temps où Kalth m’a parlé d’Ethania il ne m’a pas mentionné une seule fois le fait qu’ils étaient en guerre. 

     

     

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