• Chapitre IV   Kelly Eliasa

     

     

     

    Il faisait chaud. J’étais allongée sur quelque chose de dur et humide, de la terre. Je battis des paupières, fis l’état de ma souffrance : dos en bouillit et tête dans le cul, puis m’assis tout en injuriant ma douleur de tous les noms. Je ne savais pas exactement combien de temps se passa avant qu’il arrive. Il était grand, portait un manteau noir avec une capuche qui dissimulait une partie de son visage. Il me demanda comment je me sentais, un vrai gentleman. Je tentais de parler mais aucun son ne sortit d’entre mes lèvres. Comme je ne répondais pas il posa sa main sur mon épaule et obtint de moi un petit gémissement de douleur que je fis arrêter, trop fière pour lui montrer ma terreur à l’heure actuelle. Il m’aida à me lever, me lâcha et dû me rattraper à la seconde, mes jambes ne supportant pas mon poids. Il m’installa sur son cheval, pris mon sac de cours pour le poser sur mes cuisses et monta derrière moi, encore trop terrifiée pour prendre mes jambes à mon cou. Nous nous mîmes en route. Quand je commençais à reprendre possession de mes esprits, je réalisais, enfin, qu’avant cela, j’étais au lycée. Mais si je ne suis pas au lycée, où étais-je ?

     

     

     

    Lors ce que je me remise entièrement de mes émotions, j'ouvris mon sac brutalement, cherchais parmi la tonne de serviettes hygiéniques, de rasoirs, de maquillages et de paquets de chews gums qui prenaient l'emplacement d’où auraient dû être mes cours, et trouvais enfin: mon téléphone portable à coté de mes enceintes, batterie pleine. J'essayais le numéro de ma mère sous le regard étonné de la personne en face de moi. Je tombais sur le répondeur. Je le refis trois-quatre fois pour finir par faire tous les numéros de mon répertoire avant de me rendre compte qu'il n'y avait aucun réseau. Je l’éteignis et  le remis dans mon sac et laissait l'inconnu faire repartir son cheval. Son cheval, si si, pas sa voiture, son cheval. Pendant le trajet j’appris que mon tortionnaire s’appelait Kalth. Il n’avait cessé de me demander comment je me sentais, si je désirais boire ou manger, et mon nom, charmant pour un preneur d’otage. Ce ne fut qu’à la tombée de la nuit que mon ventre finit par me trahir ; deux minutes plus tard, assise autour d’un feu, j’avais de la viande séchée, à laquelle je ne touchais pas, ainsi que de l’eau et du pain à mes pieds sur un semblant de nappe jaunie. Bien frugal comme premier repas. Ne connaissait il pas les bonnes manières et la viandes sous vide ? À sa place je changerais de boucher.

     

                Je me forçais à avaler un bout de pain tout en observant Kalth du coin de l'œil. Il s’était assit et avait ôté sa capuche. Il avait des yeux noisette légèrement plus clairs que ses cheveux. Il me fixa de ses doux yeux dans lesquels je me serai volontairement plongée si je le connaissais d’avantage. Il m’interrogea sur mon passé sur lequel je ne pus rien lui dire. Non pas que je sois amnésique, c’est ce qu’il dût en conclure, mais ce monde n’était pas le mien. Ce n’était pas une certitude mais tout me le laissais croire : son cheval au lieu d’une voiture, les routes non bitumés, sa manière de parler totalement arriérée, ses vêtements et surtout je ne pouvais pas passer d’un lycée bitumé, « propre » et « moderne » à une énorme forêt sale, boueuse et couverte de feuille, comme toutes les forêts me direz-vous mais quand même.

     

                J’eus une petite pensée pour mes cours de théâtre au collège. Ma mère m’a toujours rabâché de ne pas parler aux inconnus et Kalth m’était tout sauf familier, tout comme ce lieu d’ailleurs. À vrai dire, j’avais fais un bon dans le temps, direction Moyen-âge ! Bref, Kalth n'avait pas l'air méchant mais même si, autant l’admettre, il était beau comme un dieu, mieux valait prendre ses précautions.

     

                _ Tu ne te souviens d'absolument rien ?

     

                _ Nan, fis-je en sortant mon smart phone de la poche de mon slim.

     

                _ Qu'est ce que c'est ?

     

                _ Un téléphone.

     

                _ Cela sert à ... ?

     

                _ Téléphoner.

     

    En mon fort intérieur je soupirais, même ma grand-mère, paix à son âme, savait ce que c'était!

     

                _ Merci, je suis très avancé. Tu sais te servir de cet appareil sorti de je ne sais où mais tu ne te souviens d'absolument rien ?

     

                Je m’arrêtais dans l’écriture de mon sms S.O.S. J’étais dans un lieu inconnu, sans réseau et je venais de lui prouver mon mensonge et à moi mon idiotie. La gourde du siècle ! En même temps, c'était pas tous les jours que l'on rencontre quelqu'un qui ne connaissait pas l’existence du téléphone portable.

     

                _ ...Faut croire, dis-je avec un énorme sourire que j’espérais convainquant.

     

                _ Pourquoi mens-tu?

     

    Zut, j’étais grillé. Bon bah maintenant l’honnêteté avant tout :

     

                _ Si t'étais avec un inconnu, tu lui raconterais toute ta vie et lui accorderais ta confiance ?

     

                _ Non.

     

                _ Nous sommes donc d'accord sur ce point là.

     

       Il reprit et rangeât l’eau, le pain et la viande séchée et les remis dans sa sacoche. Il monta sur le cheval et le fis partir, m’abandonnant. Je l’appelais plusieurs fois sans qu’il daigne répondre. Je recommençais l’initiative et entendue enfin des sabots martelant le sol. Kalth revint et m’imposa ce cruel dilemme : soit je lui racontais tout de moi, ce que j’appellerai atteinte à la vie privée, soit il me laissait me débrouiller toute seule. Bien malgré moi je pris la première option. Il aurait été suicidaire de vouloir rester seul la nuit dans une forêt sur un territoire inconnu. Il me fallut un peu de temps pour tout lui expliquer, ne serait-ce qu’à cause du nombre exorbitant de mots qu’il ne connaissait pas, mais surtout de mensonges. Je lui fis  ma biographie falsifié complète : je m’appelais désormais Cana Baress, j’étais née un 24 octobre (pas d’année car je ne savais même pas quand nous étions), j’avais 17 ans, ma mère en avait 37 et mon père était aujourd’hui âgé de 43 ans

     

                _ Cana, plutôt étrange comme prénom.

     

                _ Parce que Kalth ça ne l’est pas, fis-je en le dévisageant, pendant qu’on en est aux présentations, à ton tour.

     

                _ Je m’appelle Kalth, j’ai 17 ans.

     

                _ C'est cour, très cour.

     

    Ah  puis je m'en fou ! Non?

     

                 _Où sommes-nous ?

     

    Enfin une question utile qui peut-être  m'aidera à savoir ce qu'il se passe.

     

                _ Au Nord de la Terre de la Forêt, à trois jours de marches de Velia a pied.

     

    Enfaite c'était inutile, j’étais encore plus paumée qu'avant.

     

                _ Cool ! I love geography !

     

                _ J’accepte de ne plus te poser de question sur ta vie mais si tu ne t’exprimes pas dans une langue que je comprends, ça ne va pas le faire.

     

                _ Génial, j’adore la géographie, cela est plus clair pour sa majesté ?

     

                Bizarrement il se crispa, je me mis à éclater de rire et lui indiqua qu’il faisait une tête vraiment étrange.

     

                _ Et juste un autre petit détail, t'as pas une carte que je comprenne où je suis, tes explications n'ont toujours pas satisfait ma soif de savoir, exprimais-je, encore dans l'espoir de comprendre ce que je faisais ici.

     

                _ Nous sommes à la frontière de la Terre des Steppes. Dans Ethania. J'ai satisfais ta curiosité ??

     

                _ Pas vraiment, j'arrive toujours pas situé où je suis par rapport à d'où je viens.

     

                _ Tu m’envoie navré, un sourire mi-malicieux, mi-amusé se dessina sur ses lèvres. Il faut y aller.

     

                _ Pour quelle raison votre majesté ? 

     

                _Tu n'es pas au courant ? fit-il en légèrement irrité.

     

                _ À ton avis, si j'étais au courant je te poserais la question ?

     

                _ Tu veux dormir à la belle étoile ?

     

                _ Allons-y ! T’as une autre bonne idée dans ce style là ?

     

    Dormir à la belle étoile? Et puis quoi après ?

     

                 

     

                Nous finîmes par arriver enfin à Delia. J’en avais marre, déjà ce temps pourri m’avais trempé jusqu’aux os, je puais le mort mais en plus Kalth avait remis sa capuche, durcissant les traits de son visage.

     

    Profitant comme il me l'était possible de ce moment de silence plus qu'absolu, je me demandais encore ce qui avait bien pu ce passer avant que j’atterrisse ici.

     

                Nous arrivâmes dans une auberge, au beau milieu de la nuit et  complètement arrosé. Kalth prit une chambre. Mauvaise idée : dans la chambre, un grand lit deux personnes trônait au milieu de la pièce. Il me laissa le lit, que je refusais net, avant d’accepter en voyant que de toute façon il n'avait pas l'intention de céder.

     

     

     

    Listes des Chapitres:

     


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